Le henné et le marriage dans la tradition égyptienne

Jeudi 13 Août 2020-00:00:00
' Père Gérard Viaud

La veille du mariage, chez les Musulmans comme chez les Chrétiens, se déroule la cérémonie du henné. Plusieurs processions se déroulent entre la maison de la fiancée et celle du fiancé dans les villages de la campagne. Le henné est placé sur un grand plateau rectangulaire. Des bougies, au nombre indéterminé, sont plantées dans le henné sur lequel sont inscrits les noms des deux jeunes à marier le lendemain. Bien entendu, des tambourins et des fifres accompagnent ces différents déplacements. 

A la fin, la fiancée est reconduite chez elle et une femme de sa famille prend du henné pour lui en mettre sur les deux paumes de la main et les deux plantes des pieds. Pendant ce temps, le fiancé revient chez lui, toujours accompagné des tambourins et des fifres. A son tour de voir les paumes de les deux mains enduites de henné ainsi que la plante des deux pieds par un homme de sa famille. 

Cette ancienne tradition égyptienne montre dans les semaines qui suivent le mariage que les deux jeunes ont été mariés récemment, car le henné laisse des traces ocres pendant un certain temps. 

Pour la cérémonie de mariage chez les Musulmans de la campagne égyptienne, un podium est installé dans un grand espace vide. Deux fauteuils y sont placés pour les futurs mariés. 

Le fiancé va chercher sa fiancée. Même si la distance est courte, le trajet se fait en voitures au milieu d’un grand tintamarre de klaxons. 

Les deux fiancés viennent se placer sur les fauteuils entourés de jeunes filles, au moins deux, portant des cierges allumés et enrubannés. Le cheikh (le maazoun) établit le contrat de mariage que les nouveaux mariés signent. Des témoins signent encore ce contrat. Puis c’est la fête...  

Danses (du ventre ou des bâtons), chants et musiques vont se dérouler tard dans la nuit. Pendant ce temps, tout le monde mange à satiété. Dans les villages de la campagne égyptienne, c’est la fête pour tout le monde. Tous viennent congratuler les jeunes mariés en les embrassant. 

La fête terminée, les jeunes mariés sont reconduits à la maison du marié où ils sont laissés dans l’intimité de leur chambre à coucher. 

Voilà du moins comment cela s’est passé dans la bourgade de Senhawa (province de la Charquieh) pour le mariage de Ahmed et de Samah. 

Les fiançailles et les mariages chez les Coptes sont régis par l’ancien droit pharaonique et ils peuvent se dérouler en trois étapes: gabaniot, noss aklil et aklil.  

Les usages qui précèdaient les fiançailles et le mariage sont très rigides. Souvent jeunes gens et jeunes filles ne se connaissent pas avant les fiançailles car le choix est fait entre les deux familles sans prendre leur avis. Parfois, le jeune homme se rend à l’église pour repérer une fille. Son choix fait, il se rend avec sa mère à la maison de le jeune fille convoitée pour un premier contact. D’autres fois, la mère propose à son garçon une jeune fille et ils se rendent à la maison. Reçus au salon, la jeune fille vient apporter le thé ou le café et s’en va en refermant la porte. Si le garçon, après avoir bu son café ou son thé dit qu’il est bon, c’est qu’il accepte la jeune fille. S’il ne dit rien, il ne reste plus qu’à s’en aller et à effectuer une autre tentative. 

Le jour des fiançailles, l’homme offre des bijoux à sa fiancée et un accord se fait alors pour acheter la chambre à coucher et le matériel domestique en fonction de la somme versée en bijoux par l’homme. C’est en effet, du moins souvent, la famille de la jeune fille  qui achète ce qu’il faut pour meubler le nouveau foyer. Si les fiançailles sont rompues, la jeune fille doit rendre tout ce qu’elle a reçu le jour de ses fiançailles. 

Les fiançailles religieuses se font parfois en privé, c’est le gabaniot. Le prêtre se rend à la maison de la fiancée et dit le « Notre Père...» dont le premier mot en langue copte est justement « Gabaniot...». La signature de l’accord et du contrat des fiançailles se fait alors avec l’échange des anneaux qu’ils portent à la main gauche jusqu’au mariage. 

Les fiançailles officielles se font souvent à l’église et consistent en une cérémonie appelée « noss aklil » (demi couronnement). C’est une sorte de demi mariage avec l’échange des anneaux à la main gauche et la signature du contrat de mariage. Cette cérémonie est encore appelée « aqad el-amlâk » (contrat de mariage). 

Le prêtre commence par faire signer le contrat de mariage aux fiancés et aux témoins et par retirer les anneaux des deux fiancés qu’il noue dans un mouchoir que lui a remis le fiancé et il tient ce mouchoir dans sa main droite avec la croix de la bénédiction. 

La cérémonie de mariage est appelée « aklil » ou couronnement. Pendant cette cérémonie, le prêtre passe les anneaux des deux jeunes, qu’il retire du mouchoir et donne aux jeunes époux cette fois à la main droite et il pose une couronne sur leurs têtes. Le prêtre garde le mouchoir pour lui. 

La cérémonie est souvent très bruyante et la voix du prêtre et des diacres et couverte par les cris et les zagarites (Yoyos) poussés par les femmes. Personne n’écoute ce que dit le prêtre ou ce que chantent les diacres. 

Pendant toute la cérémonie de mariage, des femmes passent une aiguille avec un bout de fil entre les vêtement du garçon et de la fille pour bien montrer qu’ils sont unis. 

La cérémonie de mariage se termine toujours par un grand repas à la maison ou dans un hôtel. 

Le soir les jeunes mariés se retirent dans leur chambre à coucher accompagnés de la mère de la mariée qui en ressort avec un mouchoir tâché de sang pour bien montrer qu’elle était vierge.